Smëms
Plasticien pluridisciplinaire, Smëms s’est employé à l’exercice de multiples registres artistiques tels que le graffiti, la typographie, l’abstraction murale, le croquis, le portrait et l’étude du corps, ainsi qu’à des réalisations minutieuses vouées à perfectionner sa technicité.
Cette diversité de travaux et d’expérimentations témoigne de sa nature disciplinée et rigoureuse, de sa détermination, manifestant ainsi une exigence élevée voire excessive envers lui-même et ses créations – attentes influencées par la poursuite d’un Idéal du moi, su par essence inatteignable, conséquemment source d’insatisfaction et cause d’atteinte de l’estime de soi.
Si ces qualités s’inscrivent comme traits invariables de sa personnalité, l’évolution de sa pratique créative est quant à elle corollaire d’un fréquent déplacement de sa position au sein du système SGG – fluctuation induisant la nécessaire redéfinition de son statut.
Premier persona dont l’apparition remonte désormais a plus de dix années, il semblerait qu’à son origine, Smëms – pseudonyme de graffiteur permettant l’anonymat – correspondait peu ou prou au versant artistique de L.B.. La modicité de leur altérité rendait en certains cas délicate et incertaine leur différenciation. Ultérieurement, l’apparition de Gro et Gouniet occasionna l’alter-isation véritable du « dissocié initial » devenant à proprement parler un alter du système.
Considérant son rigorisme, j’ai tout d’abord assimilé l’éclectique au Sur-moi freudien : instance psychique comportant les exigences et interdits sociaux, culturels et personnels du sujet ; censeur à l’égard du pôle pulsionnel de la personnalité (le Ça). Pourtant, par sa position médiane entre deux tendances instinctuelles opposées, le rôle endossé par Smëms s’apparentait également au Moi défini par la seconde topique psychanalytique : régulateur du clivage et médiateur s’appliquant à concilier restriction et satisfaction, afin que l’assouvissement des pulsions adopte une forme socialement acceptable (substitution du principe de réalité au principe de plaisir).
En partie déclenché par son interruption temporaire de la représentation du réel, l’épisode dit « la perte de Smëms » a conduit à son effacement progressif et à sa dissolution partielle en Gro et Gouniet – hybridation identitaire donnant naissance à l’entité SGG.
Submergé par l’emprise de SGG et devenant de fait moins productif plastiquement, le touche-à-tout s’est alors reconverti en prenant à charge la responsabilité artistique du Syndrome SGG, s’instituant meneur à la fois du plan créatif et de la mise en scène de l’œuvre de L.B..
En outre, par sa capacité à entrer en contact avec l’intégralité des personas, Smëms conserve une place centrale au travers de sa fonction d’intermédiaire et d’interlocuteur principal du système SGG. Présentant peu de signes délirants, il veille à maintenir le lien de ce dernier à la réalité, à entretenir un rapport sain au monde extérieur ainsi qu’à établir une connexion avec les circuits de l’art que l’ambitieux semble convoiter.