GOUNIET
Comme l’indique la seconde syllabe de son nom – niet, définissant un « refus brutal opposé à une proposition » –, Gouniet est l’identité qui s’oppose fermement à « ce qu’il faudrait » ou « serait bon » de faire. Incarnation de cette voix mentale de la contradiction, il va à l’encontre des résolutions et attentes afin de mettre à mal la moindre volition.
Supportant difficilement la contrariété le poussant généralement au contrôle, son caractère irritable l’incline à faire preuve de manifestations excessives, observables au travers de ses créations. S’illustrant uniquement en noir et blanc, il griffonne violemment, au moyen de tracés incisifs, francs et percutants, donnés par à-coups répétés et saccadés – une gestuelle représentative de son état de tension (nervosité chronique) et de stress sciemment provoqué.
De fait, assimilé au Ça freudien régi par les pulsions de mort (Thanatos), Gouniet adopte fréquemment des comportements autodestructeurs en se livrant de manière impulsive et réitérative à divers actes mutilateurs et à de multiples addictions. Il ne parvient à se défaire de ces habitudes temporellement ancrées, donnant lieu à une stagnation (principe d’inertie) à la fois subie et entretenue par peur d’aller de l’avant, en vue de freiner l’évolution de l’intégralité du système SGG. Cette incapacité ressentie génère en lui déception et sentiment de culpabilité, l’incitant à formuler de nombreux reproches à son encontre (dévalorisation de l’estime de soi).
L’origine de ses comportements réside notamment en son égocentrisme morbide. Animé par un profond narcissisme, le sujet diagnostiqué mégalonymaniaque a développé une obsession de sa personne (égomonomanie) : objet central et cause de ses préoccupations, il s’admire (investissement libidinal narcissique) autant qu’il s’exècre.
C’est pourquoi l’angoissé est couramment submergé de pensées sombres et irrépressibles qu’il ressasse sous forme de monologues retranscrits par écrit (épisodes graphorrhéiques). Torturé, celui que le langage courant dit « broyer du noir » éprouve un mal-être dans lequel il se complaît (victimisation et constitution d’un corps de souffrance).
Aussi, renfermé sur lui-même et solitaire, l’individu dissimulé par un masque à tentacules n’apparaît dans un environnement social qu’en de très rares occasions (agoraphobie), le système s’étant organisé pour qu’en de pareilles circonstances, un alter reprenne le contrôle afin de prévenir les dommages causés par ses remarques indirectes mais acrimonieuses ainsi que par sa tendance à la manipulation (mécanismes de la perversion narcissique).
Potentiellement dû à l’incapacité de L.B. d’admettre une réalité inconciliable avec ses exigences (autoritarisme du Sur-moi), Gouniet serait le produit d’une dissociation par identification projective, nécessaire pour faire endosser à un autre des faiblesses et vices jugés négatifs. Conséquence d’un mécanisme défensif initialement vital mais dégénératif, l’individu considéré comme « l’anti soi » est désormais sujet et lieu d’une lutte intérieure permanente mais également vaine, car seule l’acceptation de soi de l’hôte du Syndrome SGG serait susceptible de réduire l’emprise de celui qui, par essence, tient tête.
Sommaire des œuvres de Gouniet
Pacte avec les monstres
Autoportraits narcissiques
Pornographies
Autofigurations
(Auto) Destructions
2013 – 2015, Série d’une centaine de peintures, Technique mixte et déchirures sur créations de Gro, entre 90 x 62 cm et 30 x 50 cm.
Défouloirs
Graphorrhées
Octobre 2014 – mai 2015, Carnet de 104 pages reliées au fil de fer, Encre de chine, stylo et crayon, 22 x 17 x 2,3 cm (carnet) ; 21 x 14,8 cm (page).